C’est un sombre mois de novembre qui s’achève pour les abolitionnistes. Alors que se déroulait, à la mi-novembre à Berlin, le 8e Congrès mondial contre la peine de mort, son recours a connu une inquiétante recrudescence.
En Arabie saoudite, la peine capitale a été appliquée presque quotidiennement depuis le 10 novembre. En moins d’un mois, au moins dix-sept personnes ont été exécutées par le régime de Riyad (la majorité pour des infractions liées à la drogue). De leur côté, les autorités iraniennes ont condamné 21 personnes dans le cadre de « procès fictifs » destinés, « à intimider les participants au soulèvement populaire » qui secoue le pays depuis septembre.
L’Afrique n’est pas en reste. Le 24 novembre, en Algérie, 49 personnes ont été condamnées à mort pour avoir participé au lynchage mortel, en août 2021, de Djamel Bensmaïl, accusé à tort de pyromanie alors qu’il était venu aider à lutter contre les incendies qui ravageaient la Kabylie à cette période.
Pourtant, ces dernières années, sur le continent, la tendance est plutôt portée par le camp abolitionniste, rejoint en 2022 par la Centrafrique et la Guinée équatoriale. En outre, si la peine capitale est encore inscrite dans le code pénal d’une trentaine de pays, elle n’est généralement plus appliquée (depuis 1993 dans le cas de l’Algérie). La peine est presque systématiquement commuée en condamnation à perpétuité. Ainsi, 43 des 54 pays africains n’ont plus signé d’ordre d’exécution depuis 2010.
Malgré ces avancées significatives, au moins 116 personnes ont été pendues ou fusillées en Afrique en 2021, très souvent à la suite de procès opaques et entachés d’irrégularités. Le nombre de condamnations à mort prononcées cette année-là a, lui, augmenté de 22 % plus de 800, notamment à cause d’une forte hausse en Mauritanie et en RDC.
Ces condamnations sont régulièrement requises pour des crimes non homicides, tels que le viol ou le blasphème, qui n’entrent pas dans les catégories des « crimes les plus graves » définies par le droit international. En juillet 2022, un tribunal de la charia de l’État de Bauchi, dans le nord du Nigeria, a ainsi condamné trois hommes, âgés de 20, 30 et 70 ans, à la lapidation pour homosexualité.
Que dit la loi dans les pays africains ? Et la réalité ? Dans quels États exécutions ont eu lieu ? Qui sont les condamnés ?
Paul ANDRE