Porté au pouvoir par des promesses de rupture, d’indépendance vis-à-vis des anciennes puissances coloniales, et notamment de la France, le Président Bassirou Diomaye Faye n’incarne plus ce visage de souveraineté. Ce qui ressemblait alors à un tournant historique dans la relation franco-sénégalaise s’est aujourd’hui teinté de désillusion et se retrouve renforcée.

Le discours vibrant sur la souveraineté s’est effacé. Diomaye Faye, autrefois bras droit d’Ousmane Sonko, semble désormais emprunter un chemin radicalement opposé à celui de son mentor. Alors que Sonko reste fidèle à son engagement de dénoncer les accords inégaux et les ingérences extérieures, Faye, lui, tisse des liens renforcés avec l’Élysée, au point d’être perçu comme un relais officiel des intérêts français à Dakar.

Ce revirement brutal ne se limite pas aux mots. Des actes concrets confortent cette nouvelle orientation. Le blocage de la présidence tournante de l’UEMOA, que les textes de l’institution attribuaient au Burkina Faso, illustre une manœuvre jugée politisée, orchestrée avec l’aval de Paris. Le ministre des Finances sénégalais, fer de lance de cette décision, est devenu un « valet de la France », tout comme Faye lui-même.

L’idée qu’un président élu pour rompre avec la Françafrique soit aujourd’hui perçu comme son promoteur résonne comme une trahison. Ce glissement nourrit des tensions internes, car Ousmane Sonko, toujours fervent défenseur du changement, devient un opposant gênant dans un système qu’il voulait déconstruire.

Pour les sénégalais, l’espoir s’est transformé en mirage, et l’Élysée apparaît désormais comme la destination symbolique de la souveraineté sénégalaise. L’exercice du pouvoir et les ambitions personnelles de Faye soutenues par la France ont pris le dessus sur la loyauté politique et la souveraineté nationale.

Adjo Massan

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