Au coup de sifflet final, il y a eu des larmes. Celles de Cristiano Ronaldo, emplies de tristesse, dans les catacombes du stade Al-Thumama de Doha. Malgré son entrée en jeu à la 51è minute, le quintuple Ballon d’Or n’est pas parvenu à inverser la tendance. Et puis il y a eu des larmes de joie, celles des joueurs marocains qui, grâce au but de Youssef En-Nesyri, verront le dernier carré, devenant ainsi le premier représentant africain à disputer les demi-finales d’une Coupe du monde de football masculin. Une performance tout simplement historique.

Une fois de plus, les Lions de l’Atlas ont déjoué les pronostics. Une fois de plus, la bande du « professeur » Walid Regragui a montré au monde de quoi elle était faite : de sang, de sueur, de solidité et de solidarité. Une fois de plus, les joueurs sur le terrain n’étaient pas seuls : s’ils sont parvenus à ne rien lâcher, c’est parce qu’ils ont été poussés dès la première minute de jeu par un public plus que fidèle. Un véritable « douzième homme » qui a parfaitement joué son rôle, sifflant chaque prise de balle portugaise et encourageant ses joueurs comme si chaque occasion était la dernière du match.

Au cours de cette Coupe du monde, il y a des supporters qui ont fait du bruit : les Argentins, bien sûr, ou encore les Tunisiens. Mais rien n’était comparable à ce que les Marocains ont pu produire au stade Al-Thumama. Un festival de décibels encore jamais entendu au cours de la compétition, faisant passer la « performance » face à l’Espagne pour un match amical. « J’ai perdu ma voix au stade », racontait Ismael, un supporter marocain, juste après la rencontre.

Si nombreux étaient dans ce cas, cela ne les a pas empêchés de continuer à crier leur joie et à chanter à la gloire de leur équipe nationale. « Eh ho ! Félicitations à nous ! Ce n’est que le début, le meilleur reste à venir » : ce chant, un des plus populaires dans le royaume chérifien, a été repris sans relâche par les supporters à la sortie du stade. Et ce sera sûrement le cas toute la nuit du côté de Souq Waqif, dans le centre de la capitale qatarie, où les supporters des Lions de l’Atlas ont élu domicile après chaque rencontre.

« Nous ne sommes pas heureux : c’est un sentiment encore plus fort que cela », a déclaré Ahmed, un supporter marocain venu de Casablanca avec sa femme Zaineb. « C’est historique pour le Maroc. Personne ne nous donnait gagnants, et voilà où nous sommes. Nous sommes les meilleurs ! » Venue spécialement de Marrakech pour ce quart de finale face au Portugal, Kenza assure qu’elle s’attendait « à une victoire. C’est extraordinaire, c’est historique pour nous, pour le monde arabe et pour l’Afrique« .

Bien que le Portugal est venu avec une armada offensive impressionnante (Gonçalo Ramos, João Félix, Bruno Fernandes, Bernardo Silva, sans oublier Cristiano Ronaldo, entré en jeu), le public marocain ne semble jamais avoir douté des capacités de son équipe nationale. « Cette équipe est comme une famille, et les joueurs se soutiennent les uns les autres », assure Sofiane, également venu de Casablanca. « Dès qu’un joueur perd le ballon, son coéquipier vient l’aider et lui dit qu’il ne doit rien lâcher, qu’il doit se battre jusqu’au bout. Qu’il ne doit pas se prendre la tête et qu’il doit continuer à se battre parce que la qualification est au bout ! »

Grâce à son succès face au Portugal, le Maroc est désormais assuré de disputer encore au moins deux rencontres. Mais pas question de se contenter des places d’honneur. « Peu importe l’adversaire en demi-finale : nous sommes prêts. Nous sommes ici pour aller chercher le trophée maintenant. Elle est pour nous », assure Ismail, originaire d’Agadir et qui a suivi toutes les rencontres des Lions de l’Atlas jusqu’à présent. « On va aller en finale, inchallah », espère pour sa part Douha. « Cette équipe n’a aucune limite », assure Sofiane. « Seul le ciel est notre limite ». Quant à Ahmed, au vu des performances des Lions de l’Atlas tout au long du tournoi, il espère que le reste du monde a compris le message : « Impossible n’est pas Marocain« .

Paul ANDRE

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