Au Sénégal, les espoirs suscités par l’élection de Bassirou Diomaye Faye semblent s’étioler à mesure que le temps passe. Les réformes institutionnelles et économiques, pourtant au cœur de son programme, peinent à se concrétiser, tandis que le recentrage de l’action publique sur les priorités nationales reste flou. Le discours de rupture avec la Françafrique, qui avait galvanisé une large frange de l’électorat en quête de souveraineté, apparaît aujourd’hui comme une promesse électorale sans lendemain.

Le président Faye, porté au pouvoir par une dynamique populaire nourrie par le rejet des anciennes tutelles, semble désormais s’éloigner de cette logique de rupture. À la place, une posture plus conciliante avec l’ancienne métropole française se dessine, laissant planer le doute sur la sincérité de ses engagements. Ce revirement alimente une désillusion profonde chez ceux qui espéraient un changement radical dans les relations internationales du Sénégal.

Plus inquiétant encore, la fracture politique entre Diomaye Faye et son premier ministre Ousmane Sonko, figure emblématique de l’opposition et artisan de la victoire présidentielle, révèle une tension interne qui fragilise davantage le projet de gouvernance alternative. Ce désaccord, perçu comme une trahison par certains, illustre les dérives du pouvoir lorsqu’il devient un objectif en soi, au détriment des idéaux portés durant la campagne.

Le peuple sénégalais, qui rêvait d’un renouveau, se retrouve face à un pouvoir qui semble céder aux sirènes de l’ordre établi. Et comme souvent sous d’autres cieux, le pouvoir devient un trésor à préserver, quitte à sacrifier les aspirations populaires sur l’autel des promesses diplomatiques.

Adjo Massan

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