Après les années de vaches grasses de la manne pétrolière, la source de revenus du pays s’est tarie avec la chute des cours. Une situation potentiellement explosive et qui met encore plus à mal un contrat social déjà précaire, les recettes tirées de l’or noir n’ayant jamais profité à tous.

À première vue pourtant, l’histoire a tout du conte de fées. Après avoir gagné son indépendance du colonisateur espagnol en 1968, la Guinée Équatoriale vit longtemps chichement de ses maigres exportations de cacao et des transferts d’argent de sa diaspora. Puis vient le miracle de l’or noir, avec les premières découvertes d’hydrocarbures au début des années 90 et la bulle pétrolière des années 2000.

Portée par cette bonne Fortune, la Guinée équatoriale carbure à marche forcée pendant deux décennies et voit dans l’intervalle son PIB multiplié par…cent. Sur la période, c’est tout simplement la plus forte croissance économique du monde.

Mais loin de l’image d’un eldorado où il ferait bon vivre et des taux mirobolants de croissance économique à deux chiffres, la réalité est fort différente pour la majorité des trois-quarts de millions d’équato-guinéens.

lgré le boom économique des dernières années, plus de la moitié de la population vit ainsi encore sous le seuil de pauvreté. Pays le plus riche du continent, avec un PIB par habitant supérieur à 20 000 dollars, la Guinée équatoriale n’en a pas moins des indicateurs sociaux indignes de son rang, souvent inférieurs aux moyennes africaines.

L’espérance de vie plafonne à 54 ans, contre 60 ans pour l’Afrique dans son ensemble, tandis que 48 % seulement de la population a accès à une source d’eau potable.

Et que dire du fils, Teodorín Nguema Obiang Mangue, mis en examen en France en mars 2014 pour blanchiment de détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et abus de confiance dans l’affaire dite des « biens mal acquis » ?

Une cruelle illustration d’une manne économique qui, loin de profiter à tous, a d’abord été l’affaire de quelques-uns. Et cela ne devrait pas changer de sitôt, les conséquences du krach pétrolier se faisant déjà sentir sur les finances publiques.

La croissance en elle-même, aussi spectaculaire soit-elle, ne suffit pas à initier un cycle vertueux de développement durable. Ce n’est pas tant le niveau de croissance que l’usage raisonné qui en est fait qui importe.

Raul GONZALES

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